Revue
de Presse :"
La Presse
" (Vevey, Suisse) le21/11/1997
New York et le
nord-est des Etats-Unis
On
croit volontiers connaître les grands axes de ces
Etats-Unis d'Amérique, expression de puissance souvent
démesurée, parangon de contrastes et d'extravagances,
et pourtant la découverte est au rendez-vous avec
Eric Courtade, le Toulousain, l'un des plus jeunes reporters
affiliés à Connaissance du Monde.
Il
faut dire que les quinze ans de passion qu'il nourrit pour
les Etats-Unis ne sont pas étrangers au souffle avide
qu'il transmet à son public.
Le reporter-photographe s'est glissé récemment
dans l'habit du cinéaste-conférencier qui,
au surplus, joue la carte de la communication avec aisance
et humour. Le sujet n'a de toute évidence pas la
fibre poètique qui peut caractériser une terre
vierge, des espaces quasi inaccessibles. Courtade en est
conscient d'emblée, qui se fixe pour objectif de
saisir au passage le quotidien de l'Américain, non
sans poser d'intéressants jalons d'une histoire encore
si récente.
A deux reprises, il montre le visage étonnant de
New York la belle sans insister sur le côté
oppressant propre à toute mégalopole. Dans
cette ville de l'extrême, où Wall Street détient
le pouvoir financier du monde non loin de la décrépitude
d'un quart de ses quartiers, Eric Courtade sait donner au
banal une couleur attachante. Et d'admettre que la frénésie
soutenue qui anime cette concentration de neuf millions
d'âmes, sans la banlieue, reste la soupape de sécurité
qui évite l'explosion...
Ce nord-est des Etats-Unis, au long de l'Atlantique ou des
Appalaches, réserve des clins d'oeil insolites que
le réalisateur sait happer de façon souvent
originale. Son commentaire s'y adapte avec un dynamisme
qui n'a d'égal que le rythme des images. Le choix
de ces dernières n'a pas dû être facilité
par la densité des situations rencontrées
dans la douzaine d'Etats constituant la Nouvelle Angleterre
et l'Atlantique moyen avec leurs 74 millions d'habitants.
L'escale chez les Amish de Pennsylvanie vivant en autarcie,
à deux heures de route de New York, le jeu de petite
guerre des rambos dominicaux en mal de loisirs, le charme
de Boston au visage humain, l'opulence comme la misère
de Washington, le rappel des défis lancés
aux chutes du Niagara, la folie du jeu à Atlantic
City ou ce train d'enfer marchant au charbon de bois pour
atteindre le Mount Washington pris dans la glace, ce sont
là autant de tableaux surprenants.
On apprécie d'autant plus la palette de couleurs
de l'été indien, tout comme la musique qui
habille le film telle qu'écrite par Franck Courtade,
frère du conférencier-témoin.
Témoin de cette partie du monde " où
les rêves naissent et meurent les illusions ".
Pour sa première venue en Suisse, le reporter disert
de 36 ans a su se faire sa place...