Il y a vingt ans, il avait la même faconde.
A l'époque, il s'agissait de convaincre des interlocuteurs
un peu éberlués que les rêves ne demandent
qu'à se concrétiser. Aujourd'hui, il parle toujours
avec le même enthousiasme. Pour dire que les passions, il
faut les faire vivre pour qu'elles ne s'éteignent pas.
Lui, c'est Eric Courtade. Des origines toulousaines
qu'il aime à rappeler, une adolescence passée en
région parisienne, près du parc de Sceaux, et puis
une école de commerce qui ne lui a guère donné
le goût d'aligner les chiffres derrière un bureau.
De cette période - le début des années 80
- date le premier pari : partir aux Etats-Unis, avec une bande
de copains, à la découverte du mode de vie des fermiers
américains. A la clé, un reportage audio-visuel
présenté sous forme de conférences. Pari
gagné, avec en prime la Dotation Kodak Grands Reportages.
Dans la foulée, il rencontre alors Alain De
La Porte, un réalisateur travaillant pour Connaissance
du Monde. Eric Courtade va collaborer entre 1985 et 1990 à
deux de ses réalisations, "Il était une fois
l'Ouest américain" et "Californie, les pionniers
du XXIème siècle". Il continue d'apprendre
avec Michel Aubert sur un film intitulé "Floride,
Paradis des Etats-Unis". Et puis il choisit de vivre son
rêve américain, réaliser son propre film.
Ce sera "New York face au nord-est américain".
Photographe professionnel - une de ses expositions
vient d'être présentée à Caen - il
continue de passer chaque année entre trois et cinq mois
aux Etats-Unis, sillonnés de long en large et haut en bas...
Mais c'est surtout la diversité naturelle, la beauté
de ces parcs nationaux qui l'accrochent. Avec son frère
Franck, musicien professionnel et assistant privilégié,
il décide donc de préparer un nouveau film.
" Cinq ans de travail, dix huit mois de tournage,
cinquante heures de rushs en 16 mm, une heure trente de film",
résume-t-il. Présenté mardi à l'Omnia
à Cherbourg,Splendeurs des
Etats-Unis vous coupe le souffle. On y tutoie les
baleines qui migrent vers Cape Cod, on boit la tasse dans les
rafts qui descendent le Colorado, on découvre la magie
de l'Antelope Canyon...Une vingtaine de
séquences vraiment exceptionnelles. " L'important
dans ce genre de films, c'est de montrer aux gens ce qu'ils n'ont
pas vu, même s'ils ont eux-mêmes fait le voyage.Je
dis souvent que je ne travaille que 20 minutes par jour, au lever
et au coucher du soleil. Mais il y a à ces moments là
toute une magie d'ombres et de lumières qui restituent
vraiment la majesté de ces sites."
Ce qu'il ne dit pas, c'est que la moindre de ces
séquences nécessite souvent plusieurs heures de
voiture sur des pistes parfois impraticables, et autant de marche
avec le matériel sur le dos. Mais le résultat est
au rendez-vous. Avec deux exclusivités. Le Paria Plateau,
au nord du grand Canyon, une véritable dentelle géologique
qu'il a été le premier à filmer. Et une vue
aérienne des trois pics de Monument Valley. " Les
indiens disent que les esprits veillent et qu'il ne faut pas les
déranger. Mais ils m'ont exceptionnellement donné
l'autorisation de les survoler."
Ne pensez pas qu'il y a là la moindre fanfaronnade.
En vingt ans, Eric Courtade s'est constitué outre Atlantique
un solide réseau d'amitiés. Et il est fidèle,
ce qui ouvre bien des portes.
En attendant, il confie aussi son plaisir, au travers
des conférences, à faire partager ses passions.
" C'est un véritable spectacle ",
souligne-t-il. Et en riant : " Je suis un homme de spectacle
! "